Problème
de cône
Même si cela coûte parfois quelques nuits blanche.
Comme le jour où Mike et Pierre prirent la décision
de fabriquer eux-mêmes leurs résonateurs. A l'époque,
c'était la seule pièce qu'il achetait à
l'extérieur. Chez National précisément.
Le résonateur, c'est l'âme de la guiatre. Un petit
cône d'alu de rien du tout qui reçoit les vibrations
des cordes et amplifie le son de la même manière
que la peau d'un banjo ou la membrane du kazoo. Bête comme
chou en apparence. Seulement voilà, s'il est aisé
de donner sa forme au cône, c'est une autre paire de manche
que de le faire sonner comme ceux du père Dopyera.
Un jour, on s'est rendu compte que National pouvait trés
bien décider de ne plus nous vendre de résonateurs.
Ca aurait été la mort pour nous. Alors j'ai dit
à Pierre : si National fait des cônes, on y arrivera
aussi. On a fait le tour de tous les repousseurs du coin pour
voir comment ils travaillaient, on a tout essayé. Les
premiers cônes qu'on a fait, on a joué au freesbee
avec ! Mais finalement, on y est arrivé."
Voilà comment on acquiert une réputation internationale.
Aujourd'hui, on vient de partout pour voir les guitares de Mike
Lewis. Tiens, George Harrison a même téléphoné
l'autre jour. L'intéressé, lui, ne s'est pas pris
la grosse tête pour autant. Après presque dix années
passées dans le métier, il en est resté
à l'émerveillement de ce premier jour où
Mark Makin lui a mis une guitare métallique dans les
mains : "La National, c'est magique." Et lorsque Louisiana
Red repassera à l'atelier, il sera toujours aussi ému
de
l'entendre chanter : "I got a friend called Mike Lewis
and he made me a nice guitar"...
Etienne GUILLERMOND - Travel in Blues - oct/nov 98
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